A un peu plus d'un mois de la GRANDE ODYSSÈE
L'interview de Catherine Mathis

Catherine Mathis, c’est un personnage connu dans le mushing, francais, international et associé à Thierry Fontaine, vous avez fait acquérir à votre affixe « du Fur Rendez-vous Kennel » une grande notoriété dans le monde du husky-sibérien de course.

Passer du 4 chiens, au 8 chiens, du sprint à la Mid et cette saison à la longue distance, en ajoutant l’élevage de qualité, l’entraînement, le boulot, la vie de famille, ça ne s’est pas fait facilement et sans de nombreuses heures de travail.

 

Le site de Catherine Mathis & Thierry Fontaine http://palutok.free.fr , c’est là que tout le « Fur Rendez-vous Kennel » vous est conté. Vous y découvrirez la vie des mushers et de la meute, les portées, le parc, les résultats de courses et bien d’autres choses encore. Leur site transpire, la passion et l’amitié, tant du chien que des humains.

 

 
Départ à Cuvery, version BD

Alors ma première question, qui est Catherine Mathis ?

 

Difficile de répondre à cette question, je dirais que je suis une  passionnée qui ne se contente pas de demi mesures ! Lorsque je fais quelque chose j’essaye toujours de faire le mieux possible, je suis une sorte de maniaque ! J’ai ce qu’on peut appeler du caractère mais mes amis savent que l’on peut toujours compter sur moi, j’ai un véritable culte pour l’amitié et  ma famille . Je suis en perpétuelle recherche sur ce qui me passionne, le mushing en l’occurrence, j’apprend tous les jours, et je sais qu’il y encore tant à apprendre.

Je suis une intello distraite qui essaye d’être une manuelle, c’est une tâche assez ardue !

 

Tout ça a commencé comment ? Les débuts de Catherine c’était quand et comment ? 

Tout a commencé en 1990, avec une chienne, puis une portée de cette chienne, des pintos avec lesquels j’ai fait mes premières courses, à vrai dire je ne me souvient plus de ma première course neige ! Mais ce que je sais c’est que j’étais nulle, j’avais notamment un chien Hottawa décédé en mai cette année, qui s’arrêtait toujours pour faire ses besoins, je galérais, aussi bien  dans la conduite du traîneau que pour les entraînements, c’était vraiment pitoyable ! Jean Anselman se souvient très bien de mes débuts, nous en avons reparlé cette saison à Cuvery !

Mais comme je l’ai dit mon envie de faire mieux m’a poussé vers des gens qui ont compté et comptent encore tellement pour moi . Je voulais progressée, j’ai acheté d’autres chiens, j’ai avancé petit à petit et des rencontres m’ont fait avancée plus loin .

  Quels sont les gens qui ont compté dans ce cheminement ? 

Chronologiquement  ma première grande rencontre ce fut Valérie (du Retail), je lui ai acheté quelques chiens dont Stone en  2000 .Valérie m’a appris énormément en matière d’élevage, elle n’était jamais avare de conseils pour la néophyte que j’étais ! Nous sommes devenues amies et nous le sommes toujours . J’ai été contente en 2005 d’être son handler sur LGO, ce fut une grande aventure, fatigante mais tellement enrichissante.

Ma deuxième grande rencontre ce fut Thierry, je le connais depuis 1998 ; je lui demandais des conseils pour les entraînements, on se voyait sur le Trophée, un bon copain .

Et puis ……………

 

La rencontre avec Thierry, l’investissement à 200%, Paladru, la migration vers la Touraine, tu nous racontes ? 

Ma vraie rencontre avec Thierry, mes amis la connaissent par cœur ! L’histoire du camion un soir de janvier doit rester du domaine de la légende, si j’ose dire !
Mais plus sérieusement : notre installation à Paladru ne fut pas évidente, je quittais une région, un boulot, mais grâce à cela j’allais faire ce que j’avais toujours rêvé de faire :  vivre avec et pour mes chiens . Lorsque nous avons mélangé nos deux meutes, c’était assez amusant : pendant un an environ les chiens restaient par meute sans trop se mélanger, maintenant on ne sait plus qui est à qui !  

-L’investissement à 200% :

Nous avons  décidé de lancer vraiment l’élevage, , j’ai passé un temps fou sur le net, pour apprendre encore mieux les lignées, j’ai fait des mariages, j’ai géré les chiots, je restais avec eux des heures entières à repérer le meilleur, à les observer, je les connaissais par cœur lorsqu’ils partaient chez leur propriétaire ! Thierry, quant à  lui adore les chiens lorsqu’ils sont plus vieux et qu’ils peuvent commencer à courir  .

Je savais que tel chiot correspondait mieux à untel et franchement je ne pense pas mettre beaucoup trompée, cela peut paraître prétentieux de ma part, mais c’est simplement le fruit de nombreuses heures passées  avec eux . Je peux dire aussi que j’ai refusé de vendre des chiots si l’acquéreur ne me semblait pas en adéquation avec le chiot . Ce que je veux avant tout : que ce chiot soit heureux et travaille au maximum de ses capacités . Ce n’est pas de l’élitisme comme j’ai pu l’entendre dire mais c’est simplement pour le bien être du chien . 

Concernant l’investissement temps avec les adultes , il est énorme :  nous restons avec les chiens , le plus possible, à jouer avec eux, à les observer, activité  très instructive pour la composition de l’attelage !

Nous nourrissons tous nos chiens en libre, aucun n’est attaché ou en enclos pour le repas . Nous tenons ainsi à renforcer la cohérence de la meute . Nous avons la chance d’avoir un chef de meute exceptionnel en la personne de Mikiyuk, il es tout simplement génial, cela nous aide beaucoup ! 

Nous avons quitté Paladru  pour venir nous installé en Touraine pour des raisons professionnelles, loin du froid et des montagnes . Nous aimions beaucoup notre vie à Paladru, il y avait de la neige de décembre à mars, il faisait froid, nous étions près des sites de courses .

Il a fallu que nous trouvions la maison idéale pour les chiens, nous cherchions pour eux,  pas pour nous, et nous avons finalement trouvé une maison perdue en lisère de forêt de Chinon, les chiens sont bien installés, tous nos amis étaient venus nous aider pour les installer, une vraie communauté amish !

Les chiens ont un parc de 6000 m2, ils galopent autour de l’étang, et le nec plus ultra :  nous pouvons atteler du parc, le portail donne sur les bois , les chiens ont une qualité de vie géniale, mais sans cela nous n’aurions jamais quitté l’Isère !!

 
Catherine à Autrans en 2004

Tes rapports avec le monde du mushing, au fil du temps, les fédés, les mushers, c’est comment ? 

Un peu  piège cette question !!! Il y a quelques années, j’avais écrit un petit pamphlet sur les deux fédés, cela m’a valu quelques  inimitiés, alors que ce n’était que de l’humour .

Au sujet  des fédés, je dirais simplement qu’il est dommage qu’un sport aussi confidentiel que le nôtre ait deux structures, mais je crains malheureusement que cela ne soit irrémédiable .

Nous avons des amis dans les deux fédés et notre point de vue n’est pas diamétralement opposé ! Là où le bât blesse, je l’ignore un peu, même si je subodore des relents de querelles passées, mais surtout un hermétisme total chez certains, cloîtrés dans  leur définition du « chien de traîneau » . 

Avec les mushers, je trouve insensé de voir certains mushers toujours râler, sur soit la stake out, soit  la piste, soit  la remise des prix , et je dis souvent que peut être pour ceux là,  le tricot , la pétanque ou le curling serait plus adapté !

Le mushing est un microcosme dans lequel  on rencontre tous types de gens : des très sympathiques et d’autres beaucoup moins ! Mais ce qu’il fait que tous cohabitent, en général plutôt sans trop de tension, est la passion commune pour nos chiens et notre sport .

 Et puis le mushing est aussi une bande copains qui se retrouvent dans les  soirées caravanes !

Pas de courses sans une bonne soirée entre amis, à refaire la course, à discuter inlassablement de nos chiens, ou quelques fois d’autres choses ! 

 

Coté sportif, après l’Alpen trail l’an passé, cette saison c’est le gros challenge avec la Grande Odyssée, comment tu prépares ça, logistique, matériel, sponsors ? 

L’Alpentrail a été une expérience géniale, un très belle course , très physique,  je pensais la refaire cette année mais on a décidé de se lancer sur LGO, une marche encore à grimper .

 La logistique et le matériel c’est Thierry qui gère, il est très doué et a un sens pratique qui me fait souvent défaut ! Pour les sponsors, on cherche, nous avons des contacts positifs mais je ne peux rien dire encore .

Avec notre nouveau boulot, il n’est pas facile de gérer les entraînements , nous y allons le soir, ensuite nous nourrissons les chiots et les adultes, et enfin nous : il est 22 heures quand nous commençons à dîner .

 

 
Grosse Fatigue .....

 

Sur LGO, quelles ambitions ? 

Une seule : finir avec des chiens en super forme . Et avec Stone en leader le plus possible je suis sure d’arriver malgré ma distraction légendaire ! 

Les projets après LGO, quels sont ils ? 

Pour moi, peut être les championnats d’Europe mid, WSA, sinon remettre les chiens sur du court pour Thierry .

 Et le sprint au sein de votre structure, Thierry va continuer ? 

Oui, il n’est pas question qu’il arrête, on va reprendre les chiens après LGO pour le championnat  du SHF (club de race) et pour le championnat de France à Cuvery, Thierry aime le sprint, et reste fidèle à sa catégorie fétiche, la 6 chiens,  les chiens auront donc une double casquette comme l’année dernière, c’est pour nous un gros challenge .

 Pour revenir aux chiens, l’élevage, les chiens, les choix à ce niveau, l’ambition, les projets ? 

Pour l’instant nous avons un courant de sang, dont nous sommes très contents, nous montons un peu en  nombre de chiens, l’idéal serait avoir un attelage sprint et un mid ou long distance, mais nous n’en sommes pas encore là !

Actuellement nous avons 23 adultes de 14 ans à 2 ans, dont 17 à atteler, et 6 retraités .

Nous allons garder des chiots sur les portées de cette année, car certains atteignent la limite d’âge , Patch, Mel et Ruby auront 9 ans et sont sur les rangs pour LGO .

 L’année prochaine( 2008) soit refaire LGO soit la FINNMARKSLOPET .

 Et ensuite on verra peut être une plus grande course encore ? Et surtout Thierry toujours là pour les championnats . 

 

Le club de race, ses orientations, la venue de Vince Buonniello à la NE 2006, Stone vainqueur de la classe champion ….. ? 

Le SHF a une politique qui a changé, la venue de juges comme M Jennings l’année dernière, et Vince Buniello et Simon Luxmoor cette année le prouve, j’encourage tous les mushers qui aiment le sib d’adhérer au club et de venir nombreux à la NE .

Il y va de l’avenir de la race que nous aimons . 

…Et Vince Buniello (Forsalong kennel) a jugé la classe champion :

 Stone engagé dans cette classe (grâce à son titre de champion de travail) a gagné face aux meilleurs  champions de show d’un élevage bien connu .
Cette victoire fut une révolution de palais, personne n’y croyait ; je sais que Stone est un chien exceptionnel, très bien construit, un mental hors norme, une présence indéniable dans le ring,  mais de là à remporter cette classe ! Je l’avais inscrit juste pour montrer à tous un beau et bon chien et Mr Buniello l’a trouvé meilleur que les autres .

Cette victoire a fait coulé beaucoup d’encre au sein du club, a fait beaucoup parlé, certains ont même parlé de « désastre » voyant ainsi s’envoler une victoire qui leur semblait facile .

Cette victoire nous encourage à continuer dans cette voie, faire breveter nos chiens, produire de bons et beaux chiens, bien construits,  les présenter et peut-être qui sait un jour, renouveler cet exploit .

 En conclusion je dirais que pour nous le mushing est plus qu’une passion c’est un mode de vie  .

 

Interview de Catherine Mathis, pour France-Mushing fait fin novembre 2006.
http://www.france-mushing.com

 

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