Interview d'Annick et Patrick
Evrard, des gens chez qui tout est pensé et vécu pour et par les
chiens depuis près de 20 années maintenant. Et qui viennent de
repartir pour au moins encore 15 ans. Vous n'apprendrez pas tout dans ce
petit texte, tellement ils auraient d'anecdotes à raconter. Pour les
connaître bien, ils sont, des gens vrais et sincères, qui, quand
ils donnent leur confiance, c'est sacré!! en fait comme les
chiens, il ne trahissent pas!! Eric Fievet pour France-Mushing
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Annick et Patrick les chiens ça a commencé
comment ? Nous voulions un chien de compagnie, peu importe la race, afin de « compléter notre famille », pour les enfants puisque nous venions d’acquérir un pavillon avec jardin. Puis un jour en faisant un footing j’ai croisé « le chien » que je voulais avoir, nous avons flashé sur ce bel animal noir et blanc aux yeux bleus et après quelques renseignements pris sur la race, est arrivé notre premier husky Cimsky dit Bibi, petite boule de poils, bien sûr noir et blanc aux yeux bleus, c’était en 1987.
Et la suite, les débuts dans les courses ? Très vite, Dundee petite femelle Anadyr, est
venue tenir compagnie à Bibi et Patrick a fait sa première course en
kart 2 chiens au Mans, où d’ailleurs il a passé une partie de la
nuit à l’hôpital puisqu’il avait fait une super pirouette lui
occasionnant une luxation de l’épaule, ça fait aussi partie du début
dans les courses. Puis l’envie d‘augmenter la famille, nous a
conduit à passer de 2 chiens à 9 chiens dans la même année.
Le pas était fait et nous sommes arrivés à un total de 25
huskies. Au début, seul Patrick faisait des courses,
nous avons enchaîné courses de kart et sur neige du Nord de la France
jusqu’aux Pyrénées, tous nos week-end et vacances y étaient consacrés.
Un véritable plaisir de se retrouver entre copains et partager ensemble
notre passion. Puis un jour j’ai eu moi aussi envie de faire des courses, vers les années 91/92 et nous avons fait 2 attelages, Patrick en 8 chiens et moi selon le cas en 4 ou 6 chiens. Patrick souvent sur les podiums et moi souvent
en « voiture balai » mais peu importe, l’important était
de faire courir un maximum de nos chiens.
Vous avez été dans les « premiers à
avoir de « bons » sibériens alors que beaucoup se
contentaient de show-dogs de course, c’est venu comment les chiens
Lescao, vos portées ? Je crois que nous avons eu beaucoup de chance d’avoir de bonnes lignées de chiens typés course, qui nous ont donné l’envie d’aller toujours de l’avant. Sophie Lescao faisait partie des meilleurs attelages français et nous avons donc choisi une portée issue de ses meilleurs chiens. Puis est venue compléter ce dernier attelage de sibérians, Lingo lignée 100%Amalouk, formidable chienne de tête qui a mené pendant plusieurs années l’attelage de Patrick en catégorie 8 chiens.
Quels souvenirs gardez vous de cette période ? Beaucoup de plaisir, la semaine était axée sur les préparatifs du futur week-end, arrivait le vendredi soir après le travail, tout le monde dans le camion et c’était parti pour 2 jours bien sympathiques, certes fatiguant le lundi matin. On ne peut oublier tous les sites que nous avons pratiqués, les repas mushers qui se finissaient bien tard, voire tôt le matin mais à l’époque nous étions beaucoup plus nombreux sur les sites de courses, l’ambiance était plus relax , on ressent plus de stress maintenant.
Il y a deux ans vous songiez à arrêter, vos
chiens vieillissaient ? pourquoi avoir pris l’option de
continuer, après si longtemps dans le milieu ? C’est dur de voir
partir tous ses compagnons les uns après les autres, avec leur
disparition partent aussi nos motivations, ils laissent un « grand
vide », et l’envie de tout arrêter s’installe petit à petit
dans nos esprits. L’attelage de
Patrick vieillissait et nous avions prévu de faire des prélèvements
de sperme sur un de nos meilleurs mâles, pour plus tard, au cas où ?
mais cela n’a pu aboutir, nous avons effectivement envisagé à cette
période de ne pas renouveler notre cheptel , donc arrêter les courses
et de prendre une retraite bien méritée chiens et mushers. Mais comme nous n’étions
quand même pas prêts pour les mots-croisés et le trico, la passion
pour nos chiens et notre
sport l’a emporté et nous avons souhaité acquérir une jeune chienne. A la question "Pourquoi continuer?" on pourrait répondre, "Et pourquoi arrêter?" Puis la décision fut prise de repartir, mais
en croisés-chasse, pourquoi ? Notre dernier attelage de sibériens, maintenant
à la retraite, a toujours eu un comportement extraordinaire à l’extérieur
de leur environnement , on pouvait les lâcher, ils rejoignaient leur
camion seul, on les avait éduqués en passant beaucoup de temps, on
n’était pas sûr de retrouver des sibériens identiques. Nous avons pu côtoyer de nombreux alaskans, ils
nous ont séduits par leur comportement,
l’envie aussi d’avoir un autre type de chiens, un attelage
différend, plus rapide, découvrir autre chose. Comment s’est effectué, la recherche des
chiens, les rencontres qui ont permis d’arriver à cet attelage
presque 100% Ellis ? Disons qu’à notre âge, il n’était pas
envisageable de repartir sur 20/25 chiens pour courir en catégorie 6/8
chiens, aussi il fallait que l’on se constitue un attelage homogène,
d’autant plus qu’il nous reste encore 12 huskies. Patrick a contacté les élevages européens qui avaient d’excellents résultats de course, cela a pris du temps car beaucoup n’étaient pas vendeurs ou ne semblaient pas « sérieux », ou encore ne répondaient pas à nos demandes. On s’est d’ailleurs rendu compte que c’était plus difficile d’acquérir des Alaskans que des Huskies. Bref, nous sommes arrivés chez Egil Ellis, dont
la renommée n’est plus à prouver, nous avons eu un excellent contact
et il nous a proposé une chienne de 2 ans, c’était la première fois
que nous achetions un chien sur photo et pedigree et qui plus est en
direct d’Alaska.. Jade est arrivée chez nous en juin 2005, après une
période d’ anxiété quant à son voyage et à son comportement, elle
s’est très vite révélée être une chienne formidable, pleine de
douceur, de gentillesse, obéissante et débordante d’affection avec
un brin de canaillerie , elle répondait parfaitement à nos attentes. Mona et Muffin ont suivi le même parcours que
Jade et sont arrivées en juillet 2005, deux sœurs dynamiques et très
courageuses, puis nous avons pris Ralf, en octobre, mâle très
puissant, pour courir en 4
chiens. Les premières courses sur neige la saison passée, ont été un peu « scabreuses » aucun des 4 chiens ne voulaient doubler les autres attelages sur les pistes, la transition Alaska/France étant trop récente, malgré tout ils se comportaient très bien, et formaient une belle équipe. La chance a mis Mocca sur notre chemin, et elle
s’est révélée être une excellente chienne prenant en main
l’attelage, mais à ce moment-là nous devenions « boiteux » courir
en 4 et laisser un chien en stake-out n’étant pas une solution
envisageable, Shrek est arrivé en avril 2006 pour faire un attelage de
6 chiens.. Voilà comment nous sommes arrivés à composer notre
attelage issu de la lignée ELLIS. Nous nous sommes fait plaisir, certains s’offrent de beaux voyages, de belles voitures, etc nous , nous avons choisi les chiens, cela ne s’explique pas, c’est notre passion. Comment peut on accepter après si longtemps avec des huskys de tout réapprendre ou presque ? Lorsque l’on a eu l’habitude de gérer une grande famille pendant si longtemps, on peut dire que l’on a vécu presque toutes les situations, d’après nous les alaskans étaient plus faciles à vivre, avec les huskies on a beaucoup appris et on continuera à apprendre avec les alaskans, dans la vie il faut toujours se remettre en question Depuis maintenant 1 an que nous les avons, nos
pensées se sont confirmées, et il s’avère que ce sont de très
beaux athlètes très malléables. Ce serait
sûrement plus difficile de
passer de l’alaskans aux sibériens !!! Quelles sont les différences principales,
entrainements, nourriture, comportement ….etc ? Les Alaskans sont beaucoup plus sensibles au
niveau du caractère, très affectueux mais plus fragiles dans « leur
tête » non hiérarchisés mais pourtant vivant bien tous
ensemble, ils sont beaucoup plus « demandeurs »
d’attention, de présence, (on passe beaucoup plus de temps
avec eux) En fait leur comportement est complètement différend
par rapport aux sibériens, il faut dès le départ savoir donner pour récolter,
et rester très zen Et les projets, pour les années à venir ? C’est difficile à dire, tout peut tellement basculer d’un jour à l’autre , mais nous espérons pouvoir continuer le plus longtemps possible car c’est un sport magnifique malgré les difficultés que l’on peut rencontrer à tous les niveaux. Nous pourrions écrire un roman , il y aurait tellement de choses à dire, nous avons eu beaucoup de bonheur durant ces 20 dernières années, nous souhaitons simplement que cela dure. Nous remercions FRANCE MUSHING qui nous a permis de nous exprimer quelques instants et vous livrer aussi nos remarques de « débutants « sur les alaskans. Nous voulons aussi remercier tous les intervenants qui organisent les courses, pour que perdure le mushing le plus longtemps possible car c’est vraiment un beau sport. Le site d'Annick et Patrick http://www.patanev-sleddog-team.com/
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