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Alain Barreau nous raconte le championnat d'Europe FISTC à St Ulrich am Pillersse.

Cette année a été riche en émotion pour l'équipe nationale FFPTC. La
coupe des nations a été remportée par la France et nous constatons une fois
de plus que les français sont bien meilleurs sur les pistes rapides que sur
la neige molle.

La cohésion de groupe fut très forte et toute l'équipe était très soudée
même si les rivalités entre français perdurent parfois.

Nous avons tous apprécié les cafés et les petits gâteaux de Mme Laboure
et le cidre breton de la famille Logeais.

Notre Président Franco Mannato n'était pas le même non plus puisqu'il
était handler cette fois! Beaucoup de stress en plus pour lui qui n'en avait
pas besoin car les tensions à ce niveau d'organisation sont énormes.

Mais pour apprécier le déroulement de ces championnats, permettons-nous
de décortiquer les différentes catégories.

 

En Skijoring, c'est une histoire de famille. Frédéric Gourves a profité
de l'erreur de parcours de Kroska et Schrittenlocher pour s'octroyer la
première place dès le début! Il restera intouchable jusqu'à la fin et
repartira avec la médaille d'or en poche.

Christophe, le fiston, courrait lui avec un "show-dog" et nous ne pouvons
que saluer sa performance honorable. Souhaitons-lui un avenir brillant dans
le mushing!

En Pulka scandinave, la mixité n'existant plus, Claude Paris doit courir
contre sa compagne Nathalie Roland. Il creuse un gros écart dès la première
manche et ne pourra être rejoint par Klaus Baumel l'autrichien. Claude est
lui aussi champion d'Europe. Nathalie finit à 2mn30 du podium, s'étant
débarrassée de sa grande rivale Berit Biewald qui fut elle aussi
disqualifiée. Nous ne pouvons que regretter qu'il n'y est pas plus de femmes
dans ces catégories.

La catégorie "O". Il l'a fait. Cela fait 20 ans que Jean-Claude attend
cet instant. Que de peine et de travail accomplis derrière cette médaille.
Plusieurs fois à la seconde place au niveau international, il n'avait jamais
réussi à décrocher l'or.

On peut se souvenir de Werfenweg en 2003 où il était resté 1er jusqu'à la
3ème manche, jusqu'à ce que Bajer, l'autrichien le coiffe sur le poteau à
quelques secondes. On peut aussi se rappeler d'Auronzo 2004, où Jean-Claude,
selon mon unique avis, avait aligné son meilleur attelage. La course s'était
terminée dans la douleur, puisque après un accident avec un pulkaïste, il
avait abandonné à la deuxième manche. Mieussy 2005: une erreur de piste à
l'arrivée, et un caractère de cochon, lui valent une disqualification. Mais
voilà, il n'abandonne jamais, travaille toujours aussi dur, et remporte
cette année avec brio la médaille d'or tant espérée. Soulignons que
l'histoire a bien failli se répéter. L'ombre de la disqualification a planné
sur lui pendant toute la manifestation. Cette année ce sont ses box qui ont
posés problème. Trop petits, il avait passé 5 jours avant de venir, afin de
les agrandir. Pour lui, s'était confortable, pour les responsables du
bien-être animal de la FISTC s'était scandaleux. Une décision qu'il quitte
la stake avant le départ avait été prise. Saluons l'opiniâtreté de Roland
Cabanski qui s'est défoncé pour lui et toute l'équipe durant tout le séjour.
Jean-Claude pouvait rester à condition que ses chiens soient répartis chez
les autres qui avaient de la place. Avec 6 femelles en chaleur Jean-Claude
ne peut s'y résoudre. S'ensuit un jeu du chat et de la souris avec les
vétérinaires qui passaient contrôler Jean-Claude plusieurs fois dans la
journée. Avec la pluie, les chiens devaient rester dehors, à la stake. Le
soir après la deuxième manche, Jean-Claude craque et rentre ses chiens pour
leur donner à manger. Les controlleurs acharnés lui tombent dessus. Sa
disqualification est demandée immédiatement. Roland Cabanski se bat mais
nous pressentons que le dénouement risque d'être malheureux. Lors d'une
réunion, Roland s'excuse d'une décision qu'il avait prise à notre place dans
l'emportement: le départ de toute l'équipe Nationale. Notons que c'est ici
que l'on reconnait les vrais sportifs. Ceux qui étaient prêt à en découdre
et a bloquer la ligne départ, et ceux qui baissaient la tête et marmonnaient
que ça ne les regardaient pas. Mais ça c'est autre chose, et ils sont peu
nombreux, fort heureusement. Jean-Claude a le moral détruit. Il est fatigué
de toute cette pression et pense déjà à plier les gaulles. C'est sans
compter sur Olivier Favre le directeur de course qui avait donné sa parole à
Jean-Claude pour qu'il ne soit pas disqualifié. Mais ceci n'est pas un
problème de piste, et il semble que face à l'équipe organisatrice
hollandaise le pouvoir du directeur de course s'arrête. Franco s'en mêle et
met sa démission sur la table en tant que Président de la FISTC. Le soir
même il craquera un peu nerveusement lors d'une discussion avec moi et
Jean-Claude. Saluons-le. Il est entier cet homme-là, mais il a du coeur et
c'est peut-être grâce à lui que Jean-Claude a finalement gardé sa médaille.
Tout se finit bien. Mais Jean-Claude à l'injonction de mettre réellement ses
chiens ailleurs. Il les répartit chez Isabelle Travadon et Lionel Poncin qui
ont les remorques juste à côté.

Il gagne sa médaille d'or, et rentre très vite à Tulle, n'étant tranquille
qu'après la frontière française.

Isabelle travadon fait une très belle 3ème place. Son attelage
vieillissant est toujours aussi fort. Elle travaille actuellement sur le
renouvellement de sa lignée et projette de futurs grandes courses! Bravo à
cette grande Dame!

La catégorie « A » a elle aussi une belle couleur française. La
neige lourde de la première manche a beaucoup avantagé Daniel fournier qui a
des chiens qui bossent dur et qui sont habitués à de telles conditions. Il
finit à 20 secondes de la 1ère place derrière Stolz. Pour Patrick Logeais, c'est
le contraire car ses chiens n'aiment pas cette neige, et il finit 3ème à 2
mn de Daniel. Daniel a prié pour que la pluie continue et que la piste reste
la même. Patrick a rêvé de froid et de piste rapide. C'est Patrick qui fut
exaucé. La piste re-damé et le froid firent une toute autre piste pour la
suite. Patrick rattrape Daniel mais ne le dépasse pas car River son chien de
tête lui fit quelques caprices , comme à Méaudre. Il change River à la 3ème
manche et il montre à tous son niveau : il fait un meilleur temps que Stolz
et remporte la médaille d'argent. Daniel finira à une belle troisième place.
Bravo à tous les deux !

La catégorie B est la mienne. Dur d'aborder le sujet. J'ai
réussi à gagner le droit de participer à cette course de justesse : Erik
martinez se concentrant sur l'objectif de la Slovaquie, et s'étant désisté,
je fus repêché ! Je pars donc avant-dernier de catégorie, n'ayant pour
objectif que de . participer ! Il faut dire qu'à part Thierry Fontaine,
personne ne flirt avec les podium depuis bien longtemps dans cette
catégorie. Ce n'est pas avec mes 6 couillons de 20 mois que je pense faire
quelque chose. Je rattrape tout de même très vite deux attelages. Sauf qu'au
moment du dépassement, mes wheels tombent dans un ravin et restent agrippés
à la congère comme il peuvent. Je n'arrive pas à me détacher et je perd un
temps fou, mes chiennes de têtes s'étant emmêlées aussi. Je repart, pas trop
stressé. Le parcours fait un bon 15 kms dans de la neige de m.. Je rattrape
un troisième concurrent, c'est pas si mal. Vers le milieu du parcours mes
petites chiennes de tête lâchent un peu, que se passe-t-il ? La ligne de
trait flotte, et je suis même obligé de m'arrêter. C'est bof. Sauf que.je
suis 6ème ! Juste derrière Kreuzer ! Quelle surprise ! Je suis premier
français ! Michel Laboure est 8ème et Jean Combazard 10ème ! Les 5 premiers
sont loin de moi, mais les autres sont très près derrière. Moi qui pensait
ne pas avoir de pression ! C'est ça qui eu raison de moi ! Le challenge fut
trop fort pour mes jeunes chiennes. Je leur mis beaucoup de pression et
elles me firent une moitié de 2ème manche pas terrible. Andreas Birkel me
rattrapa même. Un dernier effort est j'achevais la série de côtes avant qu'il
ne me passe. Les petites avaient récupéré et elles firent comme le premier
jour : la sensation que l'on retournait à la stake leur donna des ailes et
je finis par mettre 40 secondes à Birkel. Ce comportement est inquiétant
pour l'année prochaine et j'espère que la maturité effacera cette «
trouille ». Ce ne sont pas des groenlandais et c'est à moi d'être aussi plus
doux ! On verra bien. en tout cas il y a là un fort potentiel, et j'espère l'avoir
montré. Mes camarades français finissent encore derrière moi, et je réussis
même à creuser l'écart. Il ne faut pas non plus que je chante trop fort que
mes chiens n'ont pas bien marché. Je suis plus serein pour la 3ème manche
jusqu'à ce qu'une décision tombe : un raccourcissement de la piste pour
cause de chaleur. C'en est fini. c'est dans la dernière partie que je réussi
à gagner ma place. Une piste plus courte avec en plus des « s » qui ne
servent à rien dans la plaine va me planter totalement. Je part avec encore
plus de stress, tout en essayant de ne pas ennuyer mes chiens de tête. Je
tente le tout pour le tout : je met un mâle en tête pour essayer de ne pas
avoir le phénomène « ras-le-bol ». Ca part comme une balle et ça à l'air de
fonctionner. Au bout de 4 kms, on croise un autre attelage. Catastrophe, le
pépère s'arrête et me plante tout ! Je saute du traîneau et j'échange les
chiens ! C'est foutu ! Mais les petites sont mieux motivées ! Au moment de
la bifurcation nouvelle, elles comprennent que l'on rentre : ça marche très
fort ! Et là.le petit pois que j'ai à la place du cerveau fait son effet. Je
dit « bonjour » à un commissaire de piste et loupe la bifurcation. Je vois
un peu plus loin Kreuzer passer devant moi et je comprends que je me suis
trompé. C'est fini. C'est la disqualification. Je suis très déçu et inquiet
pour l'avenir. J'ai montré ce que j'étais capable de faire et j'en suis
satisfait, mais mon expérience des podiums internationaux me fait dire que
je n'y serais plus à moins d'un miracle en ayant juste 6 chiens pour courir
en 6. C'est comme ça. Il faudra apprendre à rester à ma place sans regret.

Bravo à Michel et Jean qui eux, finissent 8ème et 9ème.

Passons à la catégorie C1. Pour une fois, le podium n'est pas loin. Lionel
Poncin était fort cette année, comme il a pu nous le montrer à Mieussy. La
neige lourde l'avantage et c'est à la troisième place qu'il termine la
première manche. Cela faisait longtemps que ça n'était plus arrivé. Il
devance même le terrible Massimo Martini. Mais voilà, comme pour Daniel
Fournier, la piste rapide revient et les écarts de temps se creusent.
Christophe Chevalley pour sa part, préfère une neige comme ça et vient le
taquiner très sérieusement. Ils finissent brillamment 6ème et 7ème à 1
seconde d'écart l'un de l'autre.

Raphaël Verdy et Pascal Gérard sont tous deux loin derrière. Ils terminent
24 et 25ème. Ils restent sereins et contents de la performance de leurs
chiens à ce niveau.

La catégorie C2 sacralise enfin cette année Myriam Charasson aux rang des
plus grands de cette catégorie. L'an passé elle avait fini 5ème en
Slovaquie, derrière les tchèques, slovaques et hongrois, ainsi que derrière
l'intouchable Bernd Sauerhöfer. La neige molle et le fort dénivelé n'est pas
pour elle face aux marathoniens de cette catégorie. Un petit mot à ce sujet.
La catégorie C2, malgré ce que l'on pourrait penser, est très sportive. Les
groenlandais et autre malamutes sont des chiens qui n'avancent pas si le
musher n'est pas capable de courir dans le moindre faux-plat montant. Dès qu'une
petite difficulté approche, tout le monde passe au trot, surtout en fin de
parcours. Il faut donc cavaler énormément pour être dans les meilleurs. Pour
le championnat, il y avait un bon 10kms et la pluie tombée a mis Myriam
dans un état de nerf pas possible, car elle pensait que tout était encore
une fois perdu face aux « mecs ». Une piste plate et son faible poids
devaient pourtant être un avantage. Mais au final, c'est une avance
écrasante qu'elle obtient, devant les copains des pays de l'Est. Elle
termine 2ème derrière Bernd Sauerhöfer qui était inapprochable cette année.
Il était inscrit en B2, mais faute de participants, il est redescendu. Il
avait donc ses quatre meilleurs jeunes chiens et il remporte la victoire
haut la main. Myriam avec une chienne de tête de 9 ans a fait une très
belle course et a montré qu'il fallait désormais compter avec elle.

Nathalie Marguinaud et Thierry Beck finissent 7ème et 8ème. Nathalie s'est
bien défendue mais n'a rien pu faire contre ses adversaires des pays de l'est.
Thierry est lui déçu et a trouvé que ses chiens était fatigués et n'avait
plus envie de courir. Notons qu'il y a eu une belle bagarre pour la 3ème
place entre le slovaque Banochi et le hongrois Teszar qui a aligné un bel
attelage de Samoyèdes très performant. Banoci remporte le duel pour 22
secondes.

Terminons avec les catégorie 2 chiens. En D1, se sont les juniors qui sont à
l'honneur. Le petit Jean-Baptiste Laboure, 13 ans, finit champion d'Europe
junior et champion d'Europe au général !!! Il brille au dessus des autres
sur les trois manches. Ceci a provoqué énormément d'émotion dans le camp
français sur la ligne d'arrivée. Sa maman a versé des larmes et j'ai bien
cru que j'allai en faire de même. En Alaska, la catégorie 2 chiens est
réservée au enfants. cela donne à réfléchir quand on voit qui est devant sur
un tel championnat !

Loïc Marchal rate le podium pour 20 secondes. Il arrive à bout de force sur
la ligne d'arrivée mais n'a rien pu faire pour remporter sa médaille. Bravo
tout de même pour ses efforts et sa belle 4ème place. Olivier Cablat finit
6ème, à 3 secondes de la 5ème place. Il est vice-champion d'Europe en
Junior, mais repartira tout de même un peu déçu, ses chiens n'étant pas
aussi rapide qu'avant.

Que d'émotion encore en D2 ! Jacques Brocard finit au pied du podium, à 17
secondes de celui-ci. Les acclamations de toute l'équipe sur la ligne d'arrivée
n'ont pas suffit à faire disparaître cette poignée de seconde. Il arrive
avec un genou ouvert, sûrement responsable de la perte de sa médaille.
Daniel Fournier sera obligé de le recoudre !

Le « petit nouveau », Alain Diffort, finit juste derrière Jacques. Son gros
nounours de 40 kg s'est trop enfoncé le premier jour. Il était même dans les
choux. Mais un regain de volonté l'a poussé à doubler deux attelages le
lendemain et faire aussi bien que Jacques. Il finira à une honorable 5ème
place. Il attend maintenant la naissance de ses petits groenlandais pour s'élancer
vers d'autres horizon.(attention Myriam, il arrive !).

 

Voilà, c'est tout. Je dirais pour finir, que malgré ma disqualification,
malgré le temps pourri et les ennuis de Jean-Claude, cela restera mes plus
beaux championnats tant l'ambiance était bonne au sein du clan français.
Bravo à tous et merci !

 

Alain Bareau.